Je me suis perdu dans une forêt de mots à maux

Par amour de l’écrit, je me suis inscrit dans une école d’écriture. Je me suis perdu dans la forêt des mots. A me chercher par les mots, de mots à maux, je me suis perdu. Je ne suis pas littéraire, je ne veux pas être écrivain, juste écrire ce que le vivant me dicte.

J’ai bien laissé des traces sur mon parcours pour me retrouver le cas où, mais je n’ai plus trace. Du moins quelques souvenir de ces mots, miettes de verbe à dire au passant, que je suis un crie vivant. « Je sais que parfois ces cries bousculent le confort spirituel de nos croyances. Que mes « é’crie » d’âme, d’inspiration de l’instant que je partage dans l’instantané, dérangent le politiquement correct de l’écriture ».

Mais ces textes sont éparpillés parmi bien d’autres. De temps à autre un passant découvre un de mes mal-à-dire, et y dépose un œil-à-lire juste en passant. Parfois il y dépose quelques mots-à-vivre pour donner sens à ces cries. Pourtant je suis bien seul dans cette forêt à mot. J’ai bien souvenir de la première fois ou je m’étais perdu. J’ai voulu m’enfuir des mots qu’on m’obligeait d’apprendre par cœur, alors que le cœur n’y était pas.

Ce dont je me souviens de ces premiers mots « écrits à l’arrachés », c’est que, « Je suis un enfant juif, fils de rescapés parce que juifs ! Il n’y a pas grand-chose d’écrit sur les camps de la Tunisie. Et pourtant, il en a fallu de peu pour que je n’existe pas. Je sais juste que mon père a réussi à s’échapper, et que ma mère était cachée dans la réserve à charbon pour éviter d’être violé par les loups…/… »

Voici un autre de ces petits bouts de papier à ajouter à ceux que j’ai laissé en chemin au cas où je me perde.

« J’ai 5 ans, je m’appelle Léo, j’habite, à La Goulette en Tunisie. Français à la maison, arabe à l’école. Je n’aime pas l’école. Je n’aime pas ces mots blancs sur tableau vert à apprendre par cœur pour éviter les coups de la règle couleur bois sur mes petits doigts couleur rose. J’étais si petit !

J’aime la vie, j’aime jouer, j’aime la liberté, et déjà je découvre qu’il y avait des voies pour sortir de l’enfermement ! Un simple trou dans le grillage de la cour d’école et me voilà parti pour vivre mon rêve, collectionner les capsules de bouteilles du monde entier. J’étais devenu riche en capsules.

J’aime voyager à travers mes capsules d’un pays à l’autre. J’aime aller vers d’autres villages voisins, j’aime l’inconnu… C’est pour cela que je ne comprends pas pourquoi certains ont peur de l’inconnu, là où le nouveau nous éveille à autre chose que le réel présent.

Apprendre à se perdre
J’ai 6 ans,
je me suis évadé de l’école pour d’autres horizons. Je suis loin de chez moi. J’aime sortir des limites du connu. Je me suis perdu…, la police me retrouve, où habites-tu ? J’ai mon petit bout de papier avec les mots de ma Maman Z »L « Elie Guez, 21 rue Doumer, La Goulette… »

Comme quoi, dit-on, qu’il est bon d’avoir des repères pour nous indiquer le chemin du retour lorsqu’on se perd. Dit-on ! Retour au passé ! Quant à moi, j’’ai compris que je continuerai toute ma vie à cheminer vers cet ailleurs au-delà des frontières du connu… Je serai chercheur de renouveau, cheminant de chemin en chemin au risque de perdre les repères de l’ancien pour me souvenir de mon futur.

Rabbi Nahman disait : « Ne demande pas ton chemin à quelqu’un qui le connaîtrai de peur que tu ne te perdes pas ». Je me suis souvent perdu. C’est comme ça que j’ai pu me retrouver autre qu’un assemblage de souvenir. C’est comme ça que j’ai compris que le sens était d’être en chemin. Et que le chemin se construit en marchant. »

Mais me voilà à nouveau perdu à « Béréchith 72 », mots repères, que j’ai déposé quelque part dans cette forêt à mot au cas où je me perde. Béréchith mot d’un commencement d’une bible qui nous ouvre à l’histoire d’une humanité qui se cherche. 72, un âge pour dire à ceux qui me dé-couvre: « Ni maître, ni senti-maître, juste beaucoup de kilomètre sur ce chemin d’apprenti-sage qu’est la vie ».

Mais comment en suis-je arrivé là ? comment retrouver ces mots que j’ai semé en marchant. Comment les rassembler et en faire ce que l’on nomme un livre. « Béréchith 72 » renouvellement, renaissance, reco-naissance, pour laisser trace à ceux qui sont en quête de sens.  Laisser trace en réponse à Olivia qui me demande: « Savoir par où est passé l’auteur dans sa quête, ce qu’il en a fait et où il en est aujourd’hui et comment il construit son demain. ». Répondre à Frédérique Lemarchant : « Pour peindre ces mots du vivant en direct… ». Répondre à bien d’autres vivants pour que nos mots nous permettent de vivre encore plus fort.

Aujourd’hui, perdu dans cette forêt, j’en suis à rechercher ces bouts de texte à prétexte, ces bouillons de mots laissés dans mon panier de « copie-non collés », ma page blanche, ma légende personnelle, mon projet-sens, mes textes choisis, pour tenter de « reconstruire mon demain ».  El-i