Associer la psychothérapie, le développement personnel, et le coaching à l’éthique de la sagesse traditionnelle, une proposition que nous voulons partager car à notre sens on ne peut comprendre la destinée humaine, sans l’étude des liens entre les différents aspects de l’expérience religieuse et ceux des sciences humaines.
« La recherche de signification des phénomènes spirituelles transforme le chercheur, quelque chose change dans la psyché, dans l’esprit du chercheur, il se transforme, il s’anoblit. » Marcea Eliade, Cassette vidéo, « La redécouverte du sacré « , film de Paul Barba-Negra.
» L’ouverture vers le sacré rend l’homme capable de se connaître tout en connaissant les autres, car l’homme est par essence assoiffé d’Etre… Le sacré est à la base de son existence dans le monde « , nous dit Victor Frankl.
L’histoire des traditions nous révèle l’histoire de l’homme. Vivre en tant qu’être humain est en soit un acte religieux car l’humain cherche à donner du sens à tout ce qu’il entreprend. Pendant des milliers d’années, l’homme vivait dans un monde qu’il considérait comme sacré, parce qu’il donnait une signification à ce qu’il entreprenait. L’art, le travail, la sexualité, l’éducation, la formation aux métiers, tout avait le sens du sacré. Mais en occident, la science moderne a commencé à désacraliser l’objet du monde. Tout a changé avec l’énorme progrès industriel de la technologie. On a commencé à refuser l’expérience religieuse en tant que possibilité de connaissance pour terminer par l’annulation même de l’idée du sens avec la théologie de la mort de D.ieu.
En réponse à une association de médecins israéliens, lui demandant de préciser la position du judaïsme face à la psychiatrie, le Rav Wolbe (Kountrass N°23), une des personnalités les plus marquantes parmi les grands maîtres juifs contemporains, reprend la thèse de Victor Frankl en soulignant que, de nos jours plus que dans le passé, le patient expose devant le psychiatre une problématique existentielle dans laquelle il se trouve.
Pour le Rav Wolbe, il est évident que la lutte pour la vie constitue un terrain propice aux phénomènes d’angoisse. Peut-être, peut-on dire que l’angoisse est le stigmate de notre génération. Mais il est hors de doute que la disparition de la croyance religieuse a été un facteur important dans la propagation de cette angoisse.
Cette attitude n’est pas inconnue de la psychiatrie. Jung affirmait déjà que le principal problème de ses patients âgés de plus de trente ans, était de n’avoir pu établir un lien vivant avec D.ieu. Les thèmes religieux tiennent une place importante dans sa théorie des archétypes, et il met en valeur de nombreux symboles religieux dans son analyse des rêves.
Le psychiatre suisse Alfons Mader, élève de Jung comme de Freud, tout comme Victor Frankl, décrit dans des notes autobiographiques son cheminement scientifique. Il fut surpris de constater que la plupart de ses patients souffraient d’un manque de signification de l’existence, ainsi que de conflits intérieurs entre des aspirations religieuses et leurs rejets par la mode « du tout rationnel ». Poussé pas ses clients, il entreprit des recherches dans ce domaine, qui l’amenèrent à une remise en question totale de sa première approche psychanalytique.
La psychanalyse a longuement étudié le mécanisme de refoulement de la libido, et avec le temps ces notions se sont largement répandues. Seulement aujourd’hui, ce n’est plus le sexe que l’on refoule, mais les aspirations religieuses. Victor Frankl montre dans ses ouvrages que dans certaines classes sociales, et plus particulièrement dans le milieu universitaire, les gens peuvent parler sans retenu du sexe mais rougissent et se taisent dès qu’on parle de religion de peur de passer pour rétrogrades.
Le Rav Wolbe souligne que Frankl manifeste une compréhension profonde à l’égard de la foi religieuse et à son rôle dans le traitement psychiatrique. » Si une suite positive était donnée à son entreprise, une contribution importante serait enfin offerte à la résolution des innombrables problèmes existentiels de notre génération « , dit-il.
Seul le caractère transcendant de la conscience de la personne humaine nous permet de comprendre l’homme. L’approche analytique a suivi l’instinctivité humaine dans sa profondeur inconsciente. Cette approche nous a permis de mieux connaître le » ça » inconscient, mais Frankl rappelle que cette approche de la psychologie des profondeurs a oublié la spiritualité de la personne humaine dans sa profondeur inconsciente.
A 44 ans Frankl présente sa thèse ; » le D.ieu inconscient » (Edition du Centurion), élaboré à travers son expérience clinique. Le titre ne manque pas de choquer, que veut-il dire ? Que l’inconscient ne parle pas seulement de désir insatisfait mais également de D.ieu et que l’homme, au delà des apparences, garde une relation inconsciente avec Lui.
L’Homme n’est pas seulement responsable, il est face à lui-même certes mais aussi face aux autres et surtout face à une Transcendance. Ce devant quoi nous sommes responsables est susceptible d’être élucidé, éclairé. Ce quelque chose devient une mission, un rôle, une personne ou une transcendance que me dicte ma conscience. Derrière cette conscience de responsabilité se tient D.ieu mais il reste toujours invisible.
Elie Guez vous propose ici une première approche avec la Logothérapie de Victor Frankl qu’il a lui-même expérimentée et qu’il aime nommer la « thérapie du sens ». Vous pouvez également découvrir une application pratique dans le coaching existentiel, une nouvelle approche qu’il a développée pour accompagner des personnes en quête de sens.
2 Comments
GALINDO Geneviève
19 mars, 2015Bonjour Élie,
J’ai aimé cette présentation de la logothérapie dans l’environnement des sciences humaines et religieuses. Et si la logothérapie m’intéresse autant, c’est qu’elle touche aux racines les plus profondes de l’être qui est réponse à un appel plus grand que soi et qu’elle allie le destin particulier à la destinée collective. Encore convient-il de trouver la connexion, la rencontre de l’un avec l’autre. C’est précisément ma quête d’aujourd’hui.
leoguez
18 juin, 2015J’ai proposé une révision sur les textes et articles de ce site, et je tombe sur ton commentaire.
Pendant que je positionnais la singularité de mon travail au risque d’en déplaire à certaines personnes, je retrouve ici d’une façon précise l’objet de mes travaux. Merci Geneviève d’avoir saisie.
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